Bologna | Sandro Chia. Through Fire, Into the Sign

29 Mai - 25 Juillet 2025

La Galleria d'Arte Maggiore g.a.m. accueille dans son espace d'exposition de Bologne un hommage à Sandro Chia, l’un des plus influents représentants de la Trans-avant-garde, constitué d'une sélection d'œuvres en céramique exposées pour la première fois lors de l'exposition « Sandro Chia. Ceramica vs Disegno 1:0 » qui s’est tenue au MIC - Musée International de la Céramique de Faenza en 2011, auxquelles s’ajoutent de grandes peintures à l’huile. L'exposition témoigne de la polyvalence technique de l'artiste, alliée à une indéniable maîtrise des matériaux, et de sa capacité à faire dialoguer avec succès des mondes opposés – par le matériau, la technique, le registre et le sujet.

Les œuvres sélectionnées pour l'exposition « À travers le feu, dans le trait » offrent un point de vue intéressant pour approfondir la singularité de Sandro Chia dans le sillage du célèbre mouvement de la Trans-avant-garde. Né dans les années 1980 et théorisé par Achille Bonito Oliva, ce courant artistique visait à séduire le regard du public en renouant avec une formalité héritée d’une tradition typiquement italienne, prenant ainsi ses distances avec les abstractions qui avaient dominé la scène artistique des décennies précédentes. En adoptant ces intentions, Chia se distingue par sa remarquable ouverture à la contamination des langages et sa prédisposition au dialogue entre diverses techniques picturales et sculpturales. C’est précisément pour célébrer cette aptitude distinctive à l’expérimentation que l’exposition s’attarde sur deux pôles complémentaires de sa recherche : la peinture et la céramique.

Des cadres, des globes terrestres et des têtes de gorilles – réalisés dans l’historique Bottega Gatti de Faenza – peuplent les salles de la galerie avec un éventail de sujets qui puisent à parts égales dans la culture savante et la culture populaire. Parmi eux, les Cadres sont sans doute les œuvres qui offrent le plus directement l’occasion d’un dialogue entre les deux techniques : l’œuvre est composée non seulement de la partie en céramique, mais aussi du travail sur papier que l’artiste a placé à l'intérieur même du cadre. Il en résulte une « combinaison inquiétante, explosive », pour reprendre les mots de l’artiste dans l’interview accordée à Franco Bertoni et publiée dans le catalogue de Faenza. Une combinaison qui devient un véritable affrontement entre Titans, comme l’illustre l’artiste : « La céramique résiste au feu, elle est virtuellement indestructible. Le dessin est du papier, il craint même la lumière, se délite dans l’eau, le feu le réduit en cendres. En raison de sa fragilité, le dessin a dû gagner sa réputation d’excellence par d’autres moyens […] ». Ainsi, si la céramique, résistante et solide, l’emporte par sa durabilité et sa force physique, le dessin a conquis son autorité par une voie différente, faite de trait et de concept. Les tourbillons de matériaux antagonistes ne s’épuisent pas dans le dialogue céramique-dessin mais se prolongent aussi dans la dialectique céramique-bronze, comme dans le cas de la série des Globes terrestres : des socles en bronze soutiennent des hémisphères en céramique qui semblent se dégonfler, cristallisant le contraste entre éternité et fragilité. Les titres vont de descriptions plus explicites à des références moins immédiatement déchiffrables qui invitent le spectateur à porter un second regard sur l'œuvre, comme pour les têtes de gorilles qui deviennent des Pères douloureux. Extrait du catalogue de Faenza : « Comme je le disais, le titre ou le texte qui accompagne le tableau a pour fonction de suggérer un état d’âme, de créer une suspension, un doute. Après la lecture, on regarde l’image avec encore plus de stupeur et de perplexité, mais on y découvre davantage de choses ».

Les grandes toiles qui complètent l’exposition, telles que Catching the stars et Happy Birthday (toutes deux de 2011), ont été choisies pour leur qualité picturale dans laquelle se retrouvent toutes les caractéristiques de l’œuvre mûre de Chia : des personnages corpulents, solitaires et centraux, deviennent les protagonistes à l’échelle monumentale de scènes intemporelles rendues avec des couleurs vives et intenses, oscillant entre quotidienneté et héroïsme.

L’exposition dresse ainsi un portrait riche et nuancé de l’artiste, mettant en lumière son éclectisme et sa capacité à révéler les forces et les fragilités respectives des différents moyens d’expression.