Bologne vue par Capellini

L’hommage à la ville à travers les clichés du célèbre photographe s’ouvre aujourd’hui à la Galleria d’Arte Maggiore.
Piero di Domenico, Corriere della Sera, Décembre 10, 2025

La Galleria d’Arte Maggiore g.a.m. accueille un hommage à Bologne, ville à laquelle elle est profondément liée et où la galerie fut fondée en 1978 par Franco et Roberta Calarota. Le tribut, qui inaugure aujourd’hui à 18 h dans son espace de la Via D’Azeglio 15, se déploie à travers le regard du photographe Lorenzo Capellini.

L’exposition propose un parcours traversant plusieurs lieux symboliques de la ville, parfois étroitement liés à l’histoire même de la galerie. Point de départ incontournable : les clichés réalisés par Capellini dans la maison de Giorgio Morandi, Via Fondazza—un lieu suspendu dans le temps, où la lumière, les objets et le silence conservent encore la présence discrète du maître. Capellini s’attarde sur les objets utilisés pour les célèbres natures mortes de Morandi et sur la simplicité du mobilier, restituant des fragments silencieux où l’on peut imaginer l’artiste bolonais évoluer entre de petits gestes répétés, une attention minutieuse au détail et une dévotion infinie.

Né à Gênes en 1939, Capellini a commencé sa longue carrière à Londres, où il a vécu plusieurs années. Vinrent ensuite les reportages aux quatre coins du monde pour le Corriere della Sera et d’autres journaux, ainsi que des expositions à toutes les latitudes.

De 1974 à 1978, il fut également le photographe officiel de la Biennale, documentant des éditions clés sous la présidence de Carlo Ripa di Meana. Ce travail a constitué un patrimoine visuel d’une valeur exceptionnelle, au point que l’Archive historique des Arts contemporains de la Biennale a acquis l’intégralité de son fonds d’images. Le photographe a ensuite alterné campagnes environnementales et de défense des animaux—du Canada à l’océan Pacifique jusqu’à l’Afrique du Sud—et travaux dans le monde lyrique, de la Scala de Milan au Teatro Comunale de Bologne. Il a publié plus de 80 ouvrages, dont une collection réalisée avec des écrivains amis sur les lieux qu’ils aiment. Cette collection comprend également le volume Bologna. Frammenti di emozioni, réalisé avec Lorenzo Sassoli de Bianchi et publié par Minerva. Lors de la récente présentation à la bibliothèque Salaborsa, Capellini a déclaré : "Pour Bologne, j’ai voulu travailler avec un ami comme Lorenzo. J’ai attendu qu’il écrive le texte, puis j’ai photographié : je me suis mis à l’écoute de ce qu’il avait écrit." Capellini a en effet souvent travaillé à Bologne, avec L’anima del Corpo en 2004 au Palazzo d’Accursio, avec sa participation à la grande exposition collective sur le nu à la Galleria d’Arte Moderna, ainsi qu’avec le livre Bologne. Une promenade avec Eugenio Riccomini.

Aux côtés des images réalisées dans la maison de Morandi, l’exposition à la g.a.m.—un itinéraire sentimental à travers la Bologne d’hier et d’aujourd’hui, programmée jusqu’au 18 janvier prochain—s’ouvre également à d’autres lieux essentiels de la ville. Par exemple, avec les clichés dédiés au Compianto sur le Christ mort de Niccolò dell’Arca, conservé dans l’église Santa Maria della Vita, et avec les intérieurs historiques de Majani qui, avec leur mobilier d’époque et leur parfum de chocolat, évoquent une Bologne révélant toute sa traditionnelle maîtrise artisanale. Et puis la mythique Librairie Nanni, depuis toujours carrefour d’idées, de voix et de rencontres, ainsi que les Hospices—lieux de soin et d’humanité profonde—financés par la Fondazione Hospice MT. Chiantore Seragnoli Onlus.

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