Cette année à Art Basel Hong Kong, dans une configuration peu conventionnelle, huit galeries italiennes partagent un espace pour une exposition commune. Et elles ne sont pas les seules à s’associer. Deux galeries allemandes ont uni leurs forces, tandis qu’une galerie déjà installée à Hong Kong s’est associée à une galerie internationale afin d’assurer leur succès dans une foire qui, bien qu’ayant lieu physiquement, reste lourdement affectée par les restrictions de voyage.
Le stand collectif, judicieusement nommé Italians, est soutenu en partie par l’Institut culturel italien de Hong Kong. Il présente des œuvres d’artistes italiens du XXe siècle, dont Giorgio Morandi et Michelangelo Pistoletto, aux côtés de créations contemporaines de Paola Pivi et Francesco Vezzoli.
"Paesaggio," de Giorgio Morandi.Credit...Galleria d'Arte Maggiore g.a.m., Bologna/Milano/Paris.
"Ce n’est pas une démarche historique", explique Fabio Cavallucci, l’historien de l’art qui a conçu le stand d’environ 80 m². "C’est une manière de créer une atmosphère de connexions et de contrastes, et d’explorer un style italien spécifique que l’on retrouve dans l’art, le design et la mode". Aux foires d’art, les stands collaboratifs sont inhabituels, car les galeries sont généralement en concurrence pour attirer l’attention et conclure des ventes. Cette année, toutefois, certains de ces concurrents ont choisi de collaborer, dans une expérience originale dictée par les contraintes et les conditions liées à la pandémie.
"Être ensemble est une déclaration politique, d’une certaine manière", affirme M. Cavallucci. "La pandémie nous a fait comprendre que nous sommes tous sur le même bateau, que nous ne pouvons pas être indépendants, que nous ne pouvons pas atteindre le public seuls."
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Le stand Italians est l’aboutissement d’un projet longuement mûri, mené par Stefano Fossati, directeur de l’Institut culturel italien de Hong Kong, un organisme officiel du gouvernement italien chargé de promouvoir la langue et la culture du pays à l’étranger.
Cette collaboration à la foire vise à lancer une initiative plus large dédiée à la réflexion autour du style italien.
"Je ne me souviens pas d’une époque où une institution publique italienne, un organisme culturel officiel, est intervenue dans le système du marché de l’art ", observe M. Cavallucci. "Bien sûr, cela est dû à la situation pandémique, mais c’est une étape importante, le début d’une nouvelle tendance où les galeries travaillent de concert avec les institutions publiques. "