Vivre dans le present, en gardant son identité

C’ÉTAIT EN 1978 LORSQUE FRANCO ET ROBERTA CALAROTA FONDAIENT LA GALERIE D’ARTE MAGGIORE G.A.M., UN MOMENT OÙ LES INSTITUTIONS PUBLIQUES ET LE SYSTÈME PRIVÉ TRAVERSAIENT UNE PHASE DE TRANSITION.
Roberta Pucci, Exibart, Janvier 1, 2020

L’activité de la galerie s’est immédiatement distinguée par la grande qualité de la recherche et par le courage de réinterpréter de grands artistes historicisés sous une clé contemporaine et de proposer des artistes de la nouvelle avant‑garde italienne et internationale. Ainsi au fil du temps l’écurie de la Galleria d’Arte Maggiore g.a.m s’est enrichie de noms comme De Chirico, Balla, Fontana, Morandi, Arman, Picasso, Warhol et Kosuth.

 

Vous venez de fêter 40 ans d’activité. Qu’est‑ce qui a changé dans votre travail et comment le paysage italien a‑t‑il évolué au cours de ces années ?
“ Lorsque Franco et Roberta Calarota ont fondé la Galleria d’Arte Maggiore g.a.m en 1978 les galeries formaient le goût des collectionneurs, c’étaient un lieu de rencontre et d’échange entre historiens de l’art, artistes et passionnés, aujourd’hui ce n’est plus le cas. Avec l’augmentation des foires, largement répandues dans le monde et avec un calendrier qui remplit l’année entière, les galeries les plus globalisées sont contraintes à des rapports et des échanges rapides, limités à la semaine dédiée à la foire. Nous aimons vivre le présent, mais en conservant notre identité, c’est pourquoi nous avons décidé de ne participer qu’à une sélection soignée et sélective d’événements internationaux de foire et nous avons ouvert un espace à Milan, via Manzoni, visitable sur rendez‑vous, qui évoque l’idée du salon culturel, se proposant comme lieu de rencontre et d’échange international.”

 

Quel est le principe qui guide votre galerie ?
“ Une longue et bonne connaissance du passé qui, avec une vision avant‑gardiste du présent, nous permet de faire coexister les temps historiques de l’art d’hier et d’aujourd’hui et, dans certains cas, même d’anticiper l’avenir, y compris à un niveau stratégique. Et cela grâce à une histoire familiale de partage de la passion pour l’art et une fierté inébranlable d’être Italien.”

 

Quelles raisons vous ont poussés à ouvrir à Bologne et qu’est‑ce qui vous a incité à y rester ?
“ Bologne est notre ville natale et depuis Morandi la ville s’est distinguée parmi les villes italiennes par son avant‑garde artistique. Ici est née ArteFiera dans les années soixante, devenant l’une des foires les plus importantes à niveau européen et donc mondial ; ici se trouve l’université la plus ancienne du monde occidental où ont enseigné certains des historiens et critiques d’art les plus préparés de notre pays ; et ici, à la Galleria d’Arte Moderna, dans les années soixante‑dix, s’est tenue la "semaine de la performance" qui a lancé, entre autres, des artistes comme Marina Abramović. Et c’est toujours à Bologne que dans les années quatre‑vingt‑dix nous avons participé à la naissance du Musée Morandi et ici les collectionneurs du monde entier aiment venir nous trouver pour découvrir un aspect plus authentique de l’Italie.”

 

Quelles foires avez‑vous choisies et pourquoi ?
“ D’abord The Armory Show, non seulement parce que Franco Calarota fait partie du comité depuis dix ans, mais aussi parce que c’est la manifestation de foires la plus ancienne de New York, où beaucoup ont essayé, mais peu ont réussi à durer et à avoir du succès. Ensuite la Chine puis Art Basel Hong Kong, où nous sommes présents depuis avant l’arrivée d’“Art Basel” et qui pour nous est un pays de grande satisfaction, où nous avons certains des collectionneurs les plus fidèles. Un autre rendez‑vous fixe de notre calendrier est MiArt. Parce qu’en Italie c’est sans doute la foire qui plus que toute autre a su donner une clé de lecture originale à ce type d’événement. Enfin, à partir de cette année nous participerons à TEFAF Maastricht qui se distingue par sa capacité à attirer de vrais collectionneurs du monde entier pour la variété et l’extrême qualité des œuvres proposées.”

 

Une œuvre de rêve que vous aimeriez posséder en galerie ?
“ Nous étions à Paris à la vente aux enchères de Christie’s pour la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé en 2009. Ce fut difficile de ne pas surenchérir à la dernière offre pour Belle Haleine‑Eau De Voilette de Duchamp, la fameuse petite bouteille de parfum avec la photographie de l’alter ego féminin de l’artiste "Rose Selavy", prise par son ami Man Ray. ”

 

 Alessia, Roberta, Franco Calarota, 2018

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