L'exposition dédiée à Giorgio Morandi, le peintre qui plus que tout autre a marqué l'histoire même de la Galleria d'Arte Maggiore g.a.m., sera inaugurée ce soir à 18 heures. Au fil de ses quarante années d'activité, la galerie a consacré à l'artiste aussi bien des expositions monographiques que des dialogues intéressants avec des artistes contemporains comme Ettore Spalletti, Tong Yanrunan et Robert Ryman. Celle qui ouvre aujourd’hui est une exposition très morandienne, fondée sur de petites variations thématiques et tonales, sur un équilibre savant entre les vides et les pleins, sur de légers frémissements des objets peints, réduits à des "présences visuelles instables, fugitives, traversées par une inquiétude qui a quelque chose de métaphysique et d'existentiel", comme l'écrivait il y a quelques années l'historien de l'art Francesco Poli.
Splendide, la nature morte de 1940, inquiète dans l'application rapide de la couleur du fond et dans l'utilisation des ombres, dialogue à distance avec celle de 1941, provenant de la collection Arcangeli, encore plus sombre et tremblante, où les objets semblent fusionnés, comme s’ils étaient faits d’argile noire. Volumes positifs et négatifs, pleins et vides, sensation de gravité et de légèreté, tons délicats couleur poudre et teintes plus sombres racontent une évidence plastique des choses représentées à la fois de manière claire et incertaine, capable d’absorber le regard du spectateur.
Les œuvres de Morandi sont toujours silencieuses, elles ont besoin d’espace vide autour d’elles, comme le souligne l’installation sobre et épurée. Ce même silence suspendu enveloppe également les trois paysages exposés sur le mur central, qui vont d’une traduction plus simple et naturaliste du "Paysage" de 1929, placé au centre, à un beau paysage presque "abstrait" de 1943, où les maisons deviennent des solides géométriques, des cubes et des parallélépipèdes capables de projeter des ombres puissantes et terreuses.
L’exposition se complète par la salle des dessins et des gravures, qui réunit un large répertoire de thèmes et de techniques différentes, restituant également la modernité de l’œuvre graphique de Morandi, capable de variations de trait et de hachure, régulières et serrées ou bien libres et relâchées selon les moments vécus et les visions intérieures. Un portrait complet de l’artiste de la part de la galerie qui propose depuis des années des expositions de Morandi en Italie et à l’étranger : une volonté de repartir de Bologne, sa ville natale, pour s’ouvrir à des récits contemporains.