TEFAF New York est un cabinet de curiosités

Des œuvres moins connues de Meret Oppenheim aux tableaux dignes d'une boîte à bijoux d'Anna Weyant, cette foire new-yorkaise extravagante regorge de joyaux qui n'attendent qu'à être découverts.
Greta Rainbow, Mai 9, 2025

La réputation de la foire de la European Fine Art Foundation (TEFAF), considérée comme un sommet du luxe, lui conférait jeudi après-midi, à New York, l’allure d’une frénésie de shopping printanier. Sous des guirlandes flottantes d’ails d’ornement violets, des VIP arpentaient la Park Avenue Armory, découvrant des œuvres d’art, du design, des bijoux et des antiquités présentés par 91 galeries et marchands, évitant les seaux métalliques des écaillers ambulants comme on éviterait une pulvérisation de parfum dans un centre commercial.

Depuis 1988, TEFAF Maastricht expose "7 000 ans d’histoire de l’art" aux Pays-Bas. Les organisateurs ont importé la foire aux États-Unis en 2016, avec une attention particulière portée à l’art moderne et contemporain – bien que des bustes romains soient toujours présents – deux fois par an jusqu’en 2020, moment où l’événement s’est recentré sur une unique édition printanière. Le fait que l’édition new-yorkaise se concentre principalement sur les XXe et XXIe siècles facilite l’évitement des questions de provenance soulevées lors de la dernière édition de Maastricht en mars dernier.

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Il est facile de flâner à la TEFAF en imaginant les œuvres non pas comme des merveilles d’histoire de l’art, mais comme des curiosités destinées aux intérieurs des ultra-riches – notamment dans les stands de joaillerie ("Deux hommes viennent juste de passer, l’un d’Argentine et l’autre du Mexique, à la recherche d’un cadeau pour la fête des mères", raconte Fiona Druckenmiller, fondatrice de la FD Gallery à New York), ou quand votre mini-conférence sur la provenance du "Souvenir de ‘Déjeuner en Fourrure’" (1936/1972) de Meret Oppenheim est interrompue par une vérification agressive du prix d’un Sol Lewitt (80 000 dollars).

Mais le temps d’un week-end, pourquoi ne pas se laisser emporter par le rêve ? Il n’existe que deux prototypes de cette œuvre d’Oppenheim, que Alessia Calarota de la Galleria d’Arte Maggiore décrit comme des versions réalisées plusieurs décennies après la fameuse sculpture tasse-et-soucoupe de 1936.

"L’autre appartient à sa petite-fille, et ils travaillent à l’ouverture d’une maison-musée là où elle vivait en Suisse", explique Calarota. Celui-ci coûte 120 000 dollars, et lorsque je lui demande quel type d’acheteur la galerie imagine, elle suggère : "Pourquoi pas vous ?" (Je ris.)

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