The regression of the species

The decay in contamporary humans as seen in the abstract expressionism of Mattia Moreni
Enrico Crispolti, AD - Arte Contemporanea, Juillet 1, 2008

On prend de plus en plus conscience qu’il existe trois grandes figures représentant une participation italienne originale et puissante – voire extrêmement puissante – au néo-expressionnisme : Mattia Moreni (1920–1999), Giannetto Fieschi (1921) et Sergio Vacchi (1925). De manières différentes mais analogues, leur première grande période a été celle de protagonistes de l’Informel dans les années 1950. Ensuite, selon des parcours divers mais en quelque sorte idéalement connectés, ils ont chacun développé – dès le début des années 1960 pour Moreni et Vacchi, et même dès le début des années 1950 pour Fieschi – des propositions d’une nouvelle figuration, marquée par une forte tension expressive : plus ironiquement expressionniste et insurrectionnelle chez Moreni, plus visionnaire et introspective, avec des divinations eschatologiques chez Fieschi.

Des formes de figuration profondément critiques envers une réalité profonde – individuelle et collective – aujourd’hui menacée par l’uniformisation aliénante du consumérisme, qui tend à effacer l’identité et le patrimoine anthropologique. Des trajectoires comparables uniquement à celles de Georg Baselitz, actif dès le début des années 1960, ou de Jörg Immendorff, et surtout Anselm Kiefer, actifs dès les années 1970.

 

Voici un regard rétrospectif sur l’œuvre de Moreni, proposé par Franco et Roberta Calarota (catalogue Silvana Editoriale) aux Magazzini del Sale de Cervia, jusqu’au 7 septembre. Une racine expressionniste est déjà bien présente dans sa production de jeunesse au milieu des années 1940, mais elle se confirme très vite dans la synthèse dynamique de constructions fortement iconiques. Entre la fin des années 1940 et ses débuts dans les années 1950, Moreni répond de manière originale à l’essor du post-cubisme, désintéressé par les développements narratifs au profit d’une forte expressivité emblématique de l’image, qui devient, à partir du milieu des années 1950, de plus en plus épique et symbolique dans des applications denses de matière picturale – caractéristiques de sa période informelle.

Au début des années 1960, l’artiste s’oriente vers des images qui veulent signifier la “régression de l’espèce”, envahie par une technologie omniprésente qui atrophie les fonctions humaines, remplacées par des prothèses électroniques. C’est le grand thème de sa période graffitiste, entre le milieu des années 1980 et les années 1990.

 

Mattia Moreni. Le parcours interrompu. Dernière décennie 1985–1998Magazzini del Sale, Cervia. Jusqu’au 7 septembre

 

Ah ! quel Freud... la psychanalyse sur le divan, Mattia Moreni, 1997, Huile sur toile : 200 x 280 cm. L’artiste est l’une des figures majeures de l’art italien de la seconde moitié du XXe siè

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