Maggiore parce qu’elle est intensément active dans le monde entier

Giornale dell'Arte, Juin 1, 2012

Entrer dans la Galleria Maggiore de Bologne en fin d’après-midi, un lundi de fin juillet, alors qu’au dehors la chaleur enveloppe tout, provoque une forme de dépaysement. Rien n’indique une fermeture imminente, aucun signe d’une "pause estivale" que la Maggiore observera pourtant elle aussi : aux murs sont encore accrochées les œuvres de l’exposition personnelle de Sandro Chia, "Andare Oltre" ; dans les bureaux, où nous trouvons Franco et Roberta Calarota au travail, ainsi que leur fille Alessia, Francesca et Isotta devant leurs ordinateurs, flotte une atmosphère de ferveur, une sorte de courant d’énergie. Aussitôt, les Calarota commencent à parler, avec un enthousiasme juvénile, de leurs futurs projets, où transparaissent toujours l’inévitable dimension commerciale, mais aussi la portée culturelle. La crise économique générale n’est pas sous-estimée, mais ici on cherche à en sortir en saisissant les occasions et les défis qu’elle propose, en redéfinissant les choix et les stratégies. On sait que la Galleria Maggiore, depuis quelques années, a décidé d’adopter un profil international : par le type d’artistes dont elle s’occupe, par sa présence dans plusieurs grandes foires de référence, et enfin par sa capacité à collaborer à l’organisation d’expositions dans des espaces publics (se clôt le 30 septembre, au Centre Saint-Bénin d’Aoste, l’exposition "Giorgio de Chirico. Le labyrinthe des rêves et des idées").

La Galleria Maggiore inaugurera la prochaine saison d’expositions le 20 septembre, avec une anthologie dédiée à Roberto Sebastian Matta (Santiago du Chili, 1911 – Civitavecchia, 2002), à l’occasion du centenaire de sa naissance et du dixième anniversaire de sa mort : avec lui, les Calarota avaient entretenu quinze années de collaboration étroite et continue. De Matta—dont on ne peut oublier l’influence considérable qu’il exerça, lorsqu’il se réfugia aux États-Unis, sur des artistes tels que Pollock et Gorky - sont présentées quarante œuvres réalisées à partir des années cinquante (peintures, sculptures, céramiques), où ressort le vitalisme visionnaire d’un créateur qui peint un cosmos en tumulte permanent, agité de métamorphoses et habité d’êtres mutants. En janvier 2013, la Galleria Maggiore collaborera étroitement avec l’Estorick Collection of Modern Art de Londres, dirigée par Roberta Cremonini, pour une vaste exposition consacrée à Giorgio Morandi (soixante-dix aquarelles, dessins et gravures), à laquelle s’ajoutera une exposition de photographies de Nino Migliori (Bologne, 1929), "I luoghi di Morandi" (Les lieux de Morandi).. Dans ces images, cet explorateur inventif des possibilités techniques et matérielles de la photographie a saisi les paysages de l’Apennin bolonais (Grizzana et les alentours) peints par Morandi. Les images de Migliori sont issues de photographies Polaroid sur lesquelles il est intervenu dans les instants suivant la prise, alors que l’image se formait encore, pour obtenir des traces noires profondes et des transformations chromatiques accentuant la vision originelle. Ces images ont ensuite été scannées et réimprimées dans le format actuellement présenté. 

Après sa participation, l’an dernier, à Art Basel avec un stand mémorable consacré aux peintures de Morandi, la Maggiore a présenté cette année, à la Foire de Hong Kong, un stand d’œuvres de Morandi et de Chia. En octobre, elle sera à la Frieze Masters de Londres, nouvelle manifestation réunissant 90 galeries importantes du monde entier, puis en mars 2012 à l’Armory Show de New York (Franco Calarota ayant intégré le comité de sélection), et en mai de la même année de nouveau à la Foire de New Hong.

 

Roberto Sebastian Matta, à partir du 20 septembre
Galleria d'Arte Maggiore,
via d'Azeglio 15, Bologne
tél. 051 235843 — www.maggioregam.com

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