Giampaolo Bertozzi (1957) et Stefano Dal Monte Casoni (1961), le duo d’artistes romagnols Bertozzi & Casoni, reviennent sur les lieux du crime : cette Galleria d’Arte Maggiore g.a.m. qu’ils fréquentèrent au début des années 1980. Du 12 février au 30 avril, l’exposition Giorgio Morandi e Bertozzi & Casoni. Less is more met en relation les artistes nés peu avant la mort de Morandi (1890‑1964), à travers le dialogue entre une série de Fiori et de paysages du maître et de véritables d’après Morandi et autres pièces céramiques du duo.
Des rapprochements saisissants apparaissent, non seulement dans les sujets — des fleurs et bouteilles morandiennes aux natures mortes des Romagnols — mais aussi, par exemple, dans certaines teintes que, chez les artistes plus jeunes, virent vers le pastel du maître.
Bertozzi & casoni, Per Morandi, 2020, ceramica policroma
En restant sur le thème des fleurs, et en rappelant une phrase de Cesare Brandi (Morandi " coupait ses roses avant l’épanouissement et les disposait sur le bord du vase, serrées comme un bouquet de mariée "), les œuvres en céramique de Bertozzi & Casoni deviennent, malgré leurs différences, presque une clé de voûte pour regarder différemment les peintures morandiennes : la nature devient plutôt "fausse", car Bertozzi & Casoni, avec la céramique, ne pratiquent pas une mimésis de la réalité, mais une re‑présentation en formes hyperréalistes, tandis que l’artiste bolonais poursuivait la reproduction de l’essence abstraite du réel, se servant de sujets factices ou séchés. Le titre Less is more, "moins c’est mieux", forgé par Ludwig Mies van der Rohe, renvoie précisément à la "soustraction " tant par rapport aux sujets (peu nombreux) des œuvres qu’aux réflexions comme l’instantanéité et la suspension, l’image mentale et le rapport entre esthétique et état d’âme.
